Il était une fois, dans la plus haute tour d’un vieux château, une femme si belle que même les oiseaux essayait d’avoir son numéro de portable. Elle était jeune comme la fraîcheur d’un matin de printemps. Ses cheveux blonds éblouissaient le paysage des rayons du soleil. Elle recevait d’ailleurs régulièrement des fax de pétitions du voisinage qui se plaignait des nuisances visuelles.
Mis à part ses régulières convocations au tribunal donc, tout allait bien pour elle. Enfin presque tout, car sa belle mère, la méchante et siliconée nouvelle femme de son père, le roi du pays, était l’archétype même de la mégère. Toujours planquée derrière la porte à espionner les faits et gestes du palais.
Elle était ouvertement jalouse de sa belle fille car elle n’avait pas besoin de passer des heures devant un miroir insultant pour être belle. Chaque opportunité pour lui pourrir la vie était saisie au vol.
Belle n’aspirait qu’au bonheur du monde, elle rêvait la plus part du temps à de longues promenades sur la plage de Deauville, ou de Franconville à défaut de mieux, avec un beau Prince Charmant à l’haleine toujours fraîche, au sourire charmeur et à la croupe accessible. Ah certes, elle ne manquait pas de prétendants qui venait lui rendre visite, mais il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas. Trop petit, trop grand, trop moche, trop de cheveux, pas assez de cheveux, trop de poils, trop de boutons, trop habillé, trop nu, trop con, trop pauvre, pu des pieds, pu du bec, trop informaticien, trop de ressemblance avec un crapaud…
« Un crapaud ?! Mais enfin Mademoiselle vous n’y êtes pas du tout, s’étonna avec distinction la servante de chambre, il s’agit du Prince Gédéon V tout de même. »
- Peut-être, bouda Belle, mais il n’empêche que de là où je suis on dirait vraiment un crapaud !
- Je le trouve très séduisant moi, il a un petit coté…
- Verdâtre ? coupa Belle.
- … prestigieux, continua la servante en faisant mine de n’avoir rien entendu, et puis c’est sans parler de..
- Ses origines batraciennes?
- Son rang, il est tout de même prince.
- Mais enfin c’est un crapaud à qui vous avez mal collé une couronne ! Je vois même le scotch d’ici.
Cela n’avait rien d’une plaisanterie douteuse, un vieux roi d’un royaume lointain avait, par mégarde, léguer toute sa fortune et toutes ses terres non pas à son unique et très méchant fils, mais à son crapaud domestique. Une bête erreur d’inattention évidement qui était passé, on ne sait trop comment, au travers des quinze relectures du testament, de la ratification en trois exemplaires devant notaire, et du vote à l’unanimité des conseillés de Feu sa majesté. C’est fou comme on peut être étourdi parfois.
« Wow l’hallu
putain ! S’étonna-t-elle, j’ai pourtant rien pris ce soir.
Belle… murmura l’apparition
- Houla, ça devient sérieux,
j’entends des voix. Je veux pas finir sur le bûché moi. Ou alors on m’a droguée
à mon insu, ouais voila, comme Virinque !
- Belle, bordel c’est moi ! Dit
l’apparition tout en entrant dans la pièce.
- Ah ! Marraine, ben fallait le
dire. Et moi qui psychotais comme une malade. Ça va pas de me foutre les boules
comme ça ? J’étais à deux doigts d’appeler l’exorciste.
- Désolée, j’ai du mal à contrôler
mon taux de transparence en ce moment. Expliqua la bonne fée marraine. Bon je
viens te voir parce qu’il y a un problème.
- C’est en rapport avec un beau
Prince Charmant ?
- Euh… non.
- Ah, alors c’est encore une
convocation au tribunal ?
- Non plus, non. Ecoute Belle cette
fois c’est sérieux !
- Attends, je sais, on a besoin de
moi pour faire un duo au prime de
Il y eu un silence
de réflexion. La bonne fée semblait peser les mots de la question, puis après
un débat interne elle dit :
- Euh… non je ne pense pas. Quoi que
soit la staraque du reste…
- Bon ben quoi alors ?! S’écria
Belle avec le ton de tous les enfants un peu trop gâtés à qui l’ont vient de
donner un coup de pied dans le château de sable sur la plage de l’espoir.
- C’est ta belle mère…
- Ben tiens… soupira Belle en
roulant des yeux.
¤
« Et si je met ce chapeau ? demanda Belle-mère irritée.
- Hmmm nop, c’est toujours Belle la
plus belle. Répondit le miroir d’une voix neutre.
Dans sa chambre,
Belle-mère essayait depuis plusieurs heures et comme tous les matins d’être la
plus belle femme du château. Une tâche qui lui coûtait cher en verrerie magique
et qui entretenait tranquillement son ulcère.
- Fait gaffe à ce que tu dis si tu veux pas finir en vitrail comme tes prédécesseurs. Menaça Belle-mère.
- Je ne suis pas conçu pour avoir peur, mais pour dire la vérité Madame.
- Bon, et si je mets ce rouge à lèvres, plus le chapeau et les boucles d’oreilles en diamant ?
- Nop, rien à faire c’est toujours…
- Ça va, ça va on va finir par le savoir, coupa Belle-mère, et si je mets ce boa, plus du fard à paupières ?
- Mais vous savez, la beauté c’est très subjectif, répondit rapidement le miroir, et puis qui je suis moi pour donner des conseils de beautés ? Rien qu’un petit miroir magique conçu par un vieux mage grincheux n’y connaissant sûrement rien aux mystères de la beauté.
- Laisse-moi deviner, tu va me faire le couplet de la beauté intérieur ? fit Belle-mère à travers ses dents serrées tout en tapant du doigts nerveusement sur la commode.
- Euuuh… oui. Mais vous savez tout ça ce n’est pas si important en fin de compte. Dites, vous pourriez me raccrocher au mur je supporte mal les transports, demanda le miroir tandis que Belle-mère se rapprochait de la fenêtre en le tenant à bout de bras.
- Bon, je vais te poser une dernière question miroir magique, et je te conseil de bien répondre si tu veux pas qu’on vérifie ensemble les lois de la gravité. Qui est la plus belle dans ce château ?
Si le miroir avait eu des yeux il aurait sûrement regardé vers le bas en déglutissant, s’il avait eu de quoi déglutir bien sûr. C’est, disons, ce que métaphoriquement il fit avant de répondre :
- « Joker ?»
¤
Eric le jardinier n’était pas un franchement une personne à problèmes. Il faisait son boulot tranquillement, sans demander rien à personne. De plus le château lui fournissait un travail conséquent. Ce qu’il aimait le moins c’était nettoyer les douves car deux fois sur trois les crocodiles digéraient mal les colporteurs et les vendeurs d’aspirateurs. Il devait régulièrement ramasser des restes de corps couverts de prospectus. Il n’avait donc aucune raison de s’attendre à ce qu’un miroir de cinquante kilos s’abatte à deux mètres de lui tandis qu’il ramassait un morceau de tibia. Sa côte de maille lui sauva la vie, mais il jurerait plus tard avoir entendu quelque chose dire « Et merde… » juste avant que le miroir ne s’écrase.
¤
Belle-mère claqua des doigts. Un laquais entra dans la salle, se mit au garde à vous, puis fixa l’horizon.
« Madame ? Dit-il.
- Il me faut un nouveau miroir, et demandez cette fois qu’il soit un peu moins sincère. Ça commence à me coûter cher.
- Oui, Madame.
- Et dites à notre fournisseur que s’il m’envoi encore un de ses miroirs insolents je lui rachète ses actions en bourses et je fais un plan social illico.
- Bien, Madame. Le petit-déjeuner est servi Madame, le Roi y est déjà.
Belle-mère était ce genre de personnes qui s’habillent en tenu de soirée même pour prendre le petit-déjeuner. Elle se changeait quasiment toutes les heures, et chaque occasion était bonne pour mettre en avant ce que la nature lui avait donné, repris, puis avaient été vaguement restauré par la chirurgie esthétique. Belle-mère était grande et maigre. On aurait dit un sac d’os dans une robe Dior. On voyait presque, à travers sa peau, les numéros de série de ses prothèses mammaires, quant à son visage on l’aurait dit emballer sous du papier cellophane. Sous bien des aspects, elle faisait peur sans le faire exprès.
¤
Mon cher journal,
Hier soir, alors que j’étais sur msn, ma bonne fée
marraine est venue me parler. Il parait que ma belle-mère a encore prévu un
plan diabolique de l’enfer. Je me souviens quand elle avait voulu droguer tout
le château avec une de ses potions, mais les ingrédients étaient périmé et du
coup tout le monde passait son temps aux toilettes. Le pire c’était l’odeur
dans les couloirs. Et le pauvre Eric qui avait du nettoyer la fausse, rien que
de lui en reparler il devient vert.
Marraine m’a dit qu’elle a prévu d’envahir le pays
voisin. C’est un problème car si on la laisse faire on risque de déclencher une
guerre, ou un truc franchement pas cool. Je dois convaincre mon père que
belle-mère est folle et qu’il doit absolument lui interdire de jouer avec nos
armées.
Sinon, hier j’ai vu à la télé un chien qui avait deux
têtes. Je me demande si on peut faire pareil avec un Prince Charmant. Il faudra
que je demande à Merlin, il sent pas bon mais il sait plein de choses.
Bon, je vais prendre mon petit-déjeuner, je te laisse mon
journal.
A bientôt
Belle.
Fin de la première partie. Que va t il se passer? Que va faire Belle? Et Belle-mère? Et le roi dans tout ça? Merlin peut-il vraiment greffer une tête suplémentaire à un Prince Charmant? Tout ça, tu le saura dans le prochain épisode de: Belle contre le système !
Commentaires :
Re:
La suite ca va venir, patience. Faut le temps que je l'écrive :p
Pour les milles éléphants... bon je dois dire que c'était un argument commercial ! Hehehe mais chuis sur que ca attire du monde !
Bon enfin j'ai pas bcp de commentaires, chuis un peu déçu alors merci encore de m'en avoir laissé un !
Bref, la tienne, ça m’a fait penser à Bal Catastrophe Chez Cendrillon, un livre j’ai lu jeunesse, ou truc du genre, mon préféré quand j’étais ptite, le style de bouquin marrant qui parodiait les contes, je te réunis toutes les princesses dans un même château et je joue au cluedo…voilà, c’était un peu ça. Ah et puis pour la suite, ….tu sais comment il faut l’appeler le Prince Charmant si tu veux que je lise…hum. (non, c’est pas du chantage…)
Belle elle aurait pas mon âge par pur zazard ?
huhu
Manzin, tu es le Andersen du future.
Uhuh.
A plouch!
:D
site
Mdrrrrr....
Tu viens de me faire disparaître tous les idéaux que la lecture de Cendrillon avait fait naître en moi. Youpiiii! Fini le romantisme et l'attente du prince charmant ;)
Héhé...
Je pars à la recherche de la suite :)
Chrysalide
aileapart
J'aime !
Je veux la suite ! la suite ! la suite ! la suiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiite !!!!!!
(ils sont où les 1000 éléphants ?)