Lundi Matin 6h55 :Une chambre. Un homme dort.
Et plus précisément il rêve. Il est dans la campagne sous un arbre, il déjeune
avec une femme bien trop belle pour lui. Mais comme c'est son rêve, il en
profite. Il fait beau, un vent léger soulève les cheveux de cette femme
magnifique, qui le regarde avec une infinie tendresse. Ses yeux ont l'air de
dire "Prends-moi dans tes bras, j’oublierais le monde pour vivre
éternellement avec toi !". Elle approche son visage d'ange plus près du
sien. Il sent son souffle, son parfum délicat rempli ses narines. Elle effleure
sa bouche de ses lèvres sensuelles et doucement s'approche de son oreille pour
lui dire "FRANCE INFO, IL EST 7H00 ! BONJOUR ! CE MATIN IL FERA MOCHE,
COMME D'HABITUDE, ET VOUS ALLEZ REGRETTER DE NE PAS HABITER LE SUD. SINON LES
NOUVELLES DU JOUR, QUE DES CHOSES POUR VOUS SIGNALER QUE LE MONDE NE TOURNE
PLUS ROND."
Une main violente vient écraser le poste de radio, qui se tait dans un silence
vengeur car il sait que demain matin il recommencera ce pour quoi il est conçu,
et qui le rend si heureux.
7h01 : Un oeil s'ouvre. Mi-clos dans un premier temps. Puis refermé. Mi-clos.
Refermé. Collé. Bien trop dur à rouvrir, même mi-clos.
7h55 : L'autre oeil tente une ouverture à son tour. Mi-clos lui aussi. Il
regarde le réveil qui le nargue en lui indiquant l'heure de ses lettres rouges.
Un message cours le long du nerf optique, il se dirige vers le cerveau. Une
fois à destination, il délivre son contenu "Il est 7h55." Le message
cherche ses repères dans les méandres du cerveau qui se réveille. Il se sait
urgent, mais ne trouve nul part où aller. Tel le touriste japonais qui aurait
perdu son groupe sur la place de
Ça y est le cerveau est prévenu.
7h56: "Nom de D... chuis à la bourre !!" Et voila notre héros qui se
lève hyper en retard, comme tous les jours. Il sait qu'il lui reste 4 minutes
pour se doucher, s'habiller, manger s'il lui reste du temps, et partir prendre
son bus qui est au bout de sa rue à 8h02. Mais ce matin il doit être à l'heure.
C'est sa dernière chance d'avoir un boulot, car il a rendez-vous à l'ANPE à
8h30, et il doit y être ! Pour optimiser son temps de course il décide de faire
l'impasse sur la douche, qu'il remplace par un coup de déodorant. Pendant qu'il
s'habille, son café se prépare. Il met de la bonne volonté pour ne pas faire
attention au fait qu'il n'a pas les mêmes chaussettes. Il enfile sa plus belle
chemise. En fait, sa seule chemise. Il met pantalon, chaussures et veste. Le
tout dans le désordre. Puis cours dans la cuisine en s'énervant sur sa cravate.
Il saisit de la main droite sa tasse, et se l'envoie derrière la cravate. Puis
le café prend la direction inverse par laquelle il est entré pour terminer en
partie dans levier, et en partie sur sa cravate. Tel est la destiné du café
trop chaud.
Bon tant pis pour la cravate, elle sera tachée, et tant pis pour le
petit-déjeuner. Il fait brièvement un arrêt devant le miroir. Tiens, un épi. Il
se coiffe. Rien n’y fait. Il recommence. Pas de temps à perdre, il prend une
paire de ciseau et décapite son épi.
8h01 : Arrivé à l’arrêt de bus... il prend le temps, cette fois, de constater
qu'il a une chaussette rouge, et une noire. A peine a-t-il pris le temps
d'entreprendre l'action de penser à retourner chez lui changer de chaussette
que son bus pointe le bout de son nez, à l'heure, pour une fois.
8h30 : Il est devant son agence ANPE, il attend. Il a faim, il n'est pas frais,
il a sommeil. Mais il est à l’heure !
9h30 : Comme tous les matins de la semaine, l'agence ouvre ses portes.
Il sort 2 heures plus tard, fatigué mais avec un travail en poche. On lui a dit
: "Sois à 13H au Supermarché Croisement, on te fournira le costume.".
Cette phrase lui trotte dans la tête. Sa dernière tentative de vente en costume
ayant été la cause de son licenciement, il se met à penser que son après-midi
va être long. Il sait qu'il va travailler pour Milka, il va vendre du chocolat.
Il est au lieu dit, à l'heure dite, et regarde avec crainte son chef lui parler
de son futur travail. Il n’écoute évidemment pas et la seule phrase qu'il
entend est :"Pas question de frapper, ou d'insulter le clients bien
sûr.". Il hoche la tête pour approuver, puis se lève et va prendre son
costume.
Stupeur et béatitude se mêlent harmonieusement à son visage quand il découvre
son habit de travail. Une belle imitation de la mascotte de la société milka.
Bon, le boulot c'est le boulot. Et puis comme ça au moins on ne verra pas sa
cravate tachée, ni ses chaussettes.
Bon allez, il se met au boulot, il est plus que temps de vendre son produit.
Cette fois il prend le temps de l’étudier soigneusement. Il s'agit du chocolat
Milka Biscuit fondant au lait. Il goûte... il aime. Il re-goute. C'est vraiment
bon ce petit biscuit sous le chocolat, ordonné par son estomac, il décide de
s'enfiler une tablette entière. Il prend en compte le fait qu'une tablette face
Il rentre dans son costume, met sa tête de vache et file à sa place, rayon
friandises.
Son boulot est simple, il consiste à porter un panier rempli des tablettes de
chocolat Milka et de les distribuer aux enfants qui passent avec leurs parents.
Son costume de vache violette est d’un réalisme sans précédent, il lui donne un
petit quelque chose d’effrayant.
Notre homme qui n’est pas la moitié d’un imbécile a prévu que son boulot serait
rébarbatif et a embarqué avec lui un walkman qu’il a judicieusement placé sur
ses oreilles avant d’enfiler son costume. Il met le volume à fond et commence à
écouter du Rock alternatif.
Il s’approche d’un enfant, et lui dit en ce contenant pour ne pas crier :
- Bonj O Ur mON Pet It !!!! Est Ce quE tu Aime lE chOcOlAAt ??
La réponse de l’enfant fut inaudible, mais ce n’est pas un problème pour le
vendeur qui est persuadé de savoir lire sur les lèvres ! Et lui donne une belle
tablette.
Il va vers un deuxième enfant, qui attendait sagement planté à un poteau.
Toujours en contenant sa voix, mais cette fois un peu mieux, il se baisse et
lui demande s’il aime le chocolat. L’enfant ne répondant pas, il réitère la
question. Ne comprenant pas pourquoi l’enfant ne répond toujours pas il se dit
qu’il doit être timide et lui donne d’office une tablette. A ce moment précis,
deux choses se produisent simultanément. D’une part ,la cassette change de face
, par conséquent il entend à nouveau le reste du monde, et d’autre part il sent
comme une force le tirer violemment en arrière avec en prime une voix qui dit «
…A FAIT TROIS FOIS QUE JE VOUS DIS QUE MON ENFANT NE VEUX PAS DE VOTRE CHOCOLAT
ET QUE VOUS LUI FAITE PEUR ! VOUS ÊTES SOURD OU QUOI ??» Puis il sent qu’il ne
touche plus le sol. Très peu de temps. Puis la gravité ne tarda pas a lui rappeler
sa présence, ce qui aura pour effet de le faire rouler sur plusieurs mètres.
Après avoir relevé la tête, pas très fièrement, il s’aperçoit que son panier
plein de chocolat est a l’opposé de là où il se trouve. Et il est train de se
faire voler par une bande de jeunes, qui compte bien manger tout son contenu.
1,2 seconde, c’est le temps qui a fallu à notre représentant de la firme Milka
pour se relever et commencer à courir après les jeunes qui ont pris la fuite.
Dans sa jeunesse, avant qu’il ne soit à la retraite, M. Gerard était
commentateur sportif amateur. Sa passion, c’était de commenter l’athlétisme,
notamment le
Il dit :
« Dans le couloir numero1, en tête se trouve le trio de jeunes, ils courent
vite, très vite ! On dirait qu’ils volent ! Mais la vache Milka fait une
accélération, elle va bientôt les rattraper. Elle enjambe un caddie, quel saut
parfait ! Mesdames et messieurs, quelle qualité ! C’est du grand art ! Le trio
de tête vient de s’embarquer dans le rayon des poissons ! La vache milka prend
un raccourci pour les attendre à la sortie du rayon ! Et elle y arrive ! Les
jeunes sont pris au piège ! Quelle erreur de débutant ! Il semblerait qu’ils
aient une bombe anti-agression. Ils aspergent la vache de la bombe qui pousse
un profond cri de douleur. Les jeunes en profitent pour repartir dans l’autre
sens. Quel suspense, c’est fou ! La vache enlève sa tête, et s’en sert comme
d’une boule de bowling pour dégommer ses adversaires. On est en droit de se
demander si tout ceci est bien réglementaire ! Quoi qu’il en soit c’est
efficace les trois jeunes sont au tapis. La vache prend alors de l’élan, elle
court et SAUTE SUR LES TROIS JEUNES AU SOL ! C’est incroyable !! On se croirait
dans un combat de catch ! La vache prend le dessus, elle semble plus
expérimentée ! Mais le combat est interrompu par le service de sécurité du
magasin. Je dois rendre l’antenne, c’était M. Gérard pour Télé Poireaux. À vous
les studios. »
Voici donc comment notre vendeur a encore perdu son travail, après avoir
vainement expliqué a son employeur que « C’est eux qui ont commencé !! » et que
« C’est pas juste. » Il se vit entendre rétorquer qu’il n’avait pas :
- Courir dans le magasin.
- Quitter son poste
- Proférer des insultes à haute et intelligible voix.
- Écouter de la musique en travaillant.
- Taper les clients.
- Utiliser son déguisement comme une arme.
- Et qu’en cas de vol, il faut prévenir la sécurité et non pas commencer une
course-poursuite.
Moralité de l’histoire. Quand on sent que ça va être une sale journée, autant
rester chez soi plutôt que de se retrouver honteux comme un gamin de 7 ans à
s’excuser devant son patron pour avoir mis un sacré bordel dans le magasin !
Fin
Commentaires :
Re:
Je l'aime bien ce texte là aussi :p Ouais aller je m'envoie des fleurs, y a pas de raisons!! youhouuuu !
Morphee
Trop fort !!!
(j'adore le chocolat Milka !)