Avant-hier alors que je sortais de chez moi pour je ne sais plus quelle raison, sûrement allais-je encore bouter l'envahisseur hors de France, où sauver une ville d'une invasion extraterrestre. Enfin quelque chose d'utile quoi.
Avant-hier donc, en sortant de chez moi, je suis passé devant ma voiture. Un petit mot à mon intention était coincé sur l'essuie-glace arrière. En substance il disait ceci.

                                    " Ci vous plait

Cette place privée, pouvez pas garer votre voiture

                                    Merci"

Voilà, ce fut mon premier contact avec mes nouveaux voisins. Une première approche qui se voulait sympathique et amicale. Je ne suis pas du genre rancunier, même si pendant une seconde pléthore d'idées me sont passées en esprit pour me venger d'un tel affront.

Il te faut savoir, mon cher ami lecteur(trice) que la susdite place en question est aussi privée que, et pardonne moi l'expression, le cul d'une actrice porno après une scène de partouze. Cette place donc, appartient autant à moi qu'à mon voisin, ou qu'au pape. Seulement, quelque chose au fond de moi me dit que je risque d'avoir du mal à leur expliquer le concept. Certainement que l'agence de location à du leur dire (en toute bonne foi, et vraiment si ça augmente le tarif c'est qu'on a pas fait exprès.) que cette place était effectivement à eux.
Il est vrai qu'elle est juste à coté de chez eux, mais hélas pour eux, j'habite là depuis la création de cette résidence je suis donc bien au courant de quoi est à qui ou pas.

Hier, j'ai eu mon deuxième contact avec mes nouveaux voisins. J'avais déplacé ma voiture, parce que dans le fond je suis quand même un gars gentil. Le mot disait :

    "Ci vous plait
    Bouger la voiture, ça va gêner le camion demain.
    Merci"

Bien. Peut être que cette personne affectionne particulièrement les petits mots. J'imagine déjà les conversations du matin à table entre la femme et son mari.

Premier petit mots, de elle a lui: Bonjour chéri, bien dormi? Merci.

Lui à elle: Grmphhh rnugnnurnuuuuu tartines 'rde quoi gnutun. Merci

Elle à lui: Articule voyons, je n'arrive pas à lire. Merci.

Je crois simplement que j'ai la poisse des voisins. Pourtant au début c'était bien. Mon meilleur ami était mon voisin pendant les dix premières années de ma vie dans cette résidence. Et puis un jour, ils ont déménagé. Depuis lors c'est la merde. Cette maison est devenue un attrape trou de balle.

Les voisins suivant ont commencé par faire des travaux, des grands travaux.

Au noir.

Le week end, forcément.

Pendant six mois je me suis réveillé le matin au doux bruit des bétonneuses et autres marteaux piqueurs. Loué soit le seigneur, qui dans son infini bonté a épargné mes voisins qui eux n'étaient pas gênés le moins du monde par les bruits de leurs travaux puisqu'ils n'étaient pas là.
Tous les week end on allait gueuler, mais tous les week end il n'y avait que des ouvriers qui ne faisaient qu'exécuter les ordres. Nous avons donc appris la patience. J'ai aussi appris à dormir avec un casque anti-bruit. Le model spécial "chantier de l'enfer". Tout un art.
Une fois les travaux finis, les voisins ce sont enfin installés. Non content d'avoir ravagé la maison, ils prenaient aussi un joyeux plaisir à se gueuler dessus. Ah que j'aime ces franches disputes.

Sur tout le matin.

Tôt, le week end.

Oui, parce que moi j'ai l'honneur d'avoir la chambre qui a le mur mitoyen avec la maison voisine. Autant dire que ma chambre sert de caisson de résonance aux bruits provenant de la pièce juste derrière. Pièce qui est...... la chambre à coucher. Génial.

Au bout d'un an ou deux, je sais même plus avec tout ça, ils sont partis. Je pensais qu'on ne pourrait jamais trouver pire. J'avais tort.
Autant ils étaient bruyant et avaient un goût assez prononcé pour le moche, autant ils ne sentaient pas.

Les voisins suivant étaient cons, bruyants, et fascistes. Le père de famille avait acheté deux chiens, des Rottweiler. Son but était de les rendre fous. Je m'explique.
Il faut que tu imagines le garage du voisin comme une surface carrée. La face Nord donne sur la maison, la face Sud donne sur la rue. La face Est c'est le mur mitoyen avec mon garage et la face Ouest donne sur rien. Le voisin avait donc construit une paroi en bois pour séparer le garage d'Ouest en Est. Il mettait ses chiens dans la division du bas, celle entre la porte extérieure et la nouvelle cloison du milieu.

Autrement dit, les chiens étaient enfermés dans le noir et dans 10 mètres carré toute la journée. Ils passaient leur temps à aboyer sur tout ce qui passait, et leur maître ne prenait même pas la peine de les sortir pour qu'ils fassent leurs besoins. Ils faisaient sur le sol, et inévitablement ça coulait dans la rue. Souvent, donc, on voyait ce gros monsieur passer le jet d'eau dans le garage.
L'odeur était infâme.

Quelques temps plus tard ils sont partis eux aussi. Les voisins suivants étaient très discrets. On ne les a jamais vus. Mais on les a bien entendus. Eux aussi s'amusaient à hurler à tout va. Puis ils sont partis aussi. Il faut dire qu'entre temps la maison n'était plus à vendre mais à louer. Nettement plus propice aux changements fréquents.

Depuis, rien. Personne ne louait la maison. Enfin, le calme. Mais voilà, c'est fini.
C'est pas que je n'aime pas mes voisins, je suis d'un naturel plutôt ouvert et optimiste mais je crois que cette maison rend les couples fous. Ou alors ce sont que les fous en couple qui viennent y vivre.

Tout ceci amène à réfléchir sur la nature humaine. Dans son inconscient on pense toujours quelque part qu’au fond les gens sont tous un peu comme nous. Qu’on est pas si différent, et qu’une chose de bon sens qui l’est pour nous l’est pour tout le monde.

Les voisins prouvent le contraire en permanence. Nous sommes tous différents, tant dans nos manières de vivre que de penser. Pour certains produire du bruit ne constitue pas une gêne, et puis gêner quoi ou qui ? Les meilleurs voisins sont ceux qui ont conscience que non seulement ils ont des voisins, mais qu’aussi ils SONT des voisins. A méditer, enfin je pense.