Oui, je suis un rebelle, mais bon à ma façon disons. Pas en violence, ni tellement dans l'engagement politique. Sans dread sur la tête, sans moustaches non plus. Je suis pas du genre à aller manifester et tout ça.
Et pourtant, je suis une saloperie de rebelle et j'en souffre au quotidien, peste oui !

Quand j'étais petit, ma mère refusait fermement de me donner accès au saint des saints, le graal absolu, l'objet ultime de ma quête de sens pour des matins qui chantent. Je voulais, je rêvais, d'avoir ce joyaux du petit déjeuner, l'ensemble des mini sachets de céréales kellogg's, mais si tu sais, ces petits paquets de frosties, smacks, rice crispies et autres. J'en rêvais tellement !! Mais ma mère, dans son rôle maternel qui lui imposait d'être forcément en contradiction permanente avec n'importe lequel de mes choix quand on faisait les courses, se bornait à me dire non ! Alors, souvent je me rabattais sur ma grand-mère pour essayer d'obtenir l'objet de tant de convoitises, ce qui ne marchait pas forcément mieux.

Bien des années plus tard, alors que je pensais avoir classé ce dossier dans la catégorie "échecs cuisants caché sous les coussins du canapés"et que j'étais vraiment passé à autre chose, quelle ne fut pas ma surprise quand tout à coup subitement alors que je ne m'y attendais pas le moins du monde, et surtout alors que je faisais les courses, voilà t'y pas, donc, que l'envie d'acheter ces petits paquets remonte en moi, comme le patriotisme dans le coeur d'un français le soir du 14 juillet, tandis que je flâne dans le rayon merveilleux du monde chamarré du petit déjeuner. Mon sang ne fit qu'un tour, et alors que je prenais en main le dit paquet, les interdictions de ma mère remontaient à contre courant le long des mes nerfs pour ordonner aux muscles de ma main une action diamétralement opposée que celle en cours de réalisation, à savoir, la mise du paquet dans le panier. Mais c'était trop tard, je jubilais intérieurement car j'avais déjà dressé le drapeau rouge de la rébellion, chaque cellule de mon corps au garde à vous pour contrer l'offensive à laquelle, je dois bien dire, je m'attendais.

Une fois ce forfait accompli, la deuxième étape de ma sournoise révolte dut attendre le lendemain matin, n'est ce pas, et fut servi par une bonne rasade de lait chocolaté froid, car évidement la vengeance est un plat qui se mange froid...particulièrement au petit déjeuner. J'ouvre donc le paquet contenant les paquets, je prends le premier qui vient, des frosties, je l'ouvre à son tour, déchire l'emballage plastique, et verse tout le contenu dans un gargarisme de satisfaction ! Alors que je ris aux éclat tel le docteur fou dans sa tour d'ivoire juste avant d'appuyer sur le bouton d'extermination du monde devant les yeux impuissant d'un James Bond arrivé bien trop tard ( HAHAHAHAHAHA !!!!), je lance un regard vers mon bol pour constater, Ô malédiction, qu'il est à moitié rempli. Le mini paquet de mini frosties était désespérément vide, mais peu m'importait aussi, ni une ni deux, je me saisi du deuxième paquet de frosties (oui ils vont par paires) pour en déverser le contenu dans mon bol à moitié vide ou à moitié plein, je sais pas, je m'en fous!

Ah! Peste soit ce monde consumériste que je fustige ici séant, peste soit il, et maudit soit l'inventeur de cette traîtrise de produit trop petit pour satisfaire mon appétit, mais trop mignon pour que je puisse contenir mon besoin compulsif d'achat ! Mais surtout, maudit soit il car par sa faute je découvris en ce triste matin que ma mère avait raison !!!

MAUUUUUUUDIIIIIIIIIIIIT !!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Je n’en ai pas racheté depuis… bordel !